N° 8146 – Mars 2022

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LA DÉMOCRATIE 

2002, 2007, 2012, 2017, 2022 : tous les cinq ans, à intervalle régulier, la France élit un président de la République et une Assemblée nationale. Ces élections constituent des moments clés de la vie démocratique en France sous la Ve République et cristallisent les débats sur nos institutions, sur la question de la représentativité des candidats, sur leur mode de désignation, mais aussi sur les moyens mis en œuvre dans les campagnes électorales, la place accordée à la parole de chacun dans l’espace médiatique, ou encore la prise en compte des suffrages exprimés, avec la question de l’abstention. Ces élections révèlent aussi la forme présidentielle prise par la démocratie en France depuis 1962 : le président de la République est élu au suffrage universel et sa fonction est centrale dans la vie politique. Or, ce modèle de fonctionnement est loin d’être majoritaire en Europe où, dans la plupart des démocraties, le chef de l’État remplit un rôle symbolique : c’est le cas des monarchies britannique, belge ou espagnole, des républiques italienne et allemande, qui sont des régimes parlementaires.

La démocratie se caractérise par un fonctionnement institutionnel fondé sur la séparation des pouvoirs et la garantie des libertés publiques. Mais la souveraineté populaire prend des formes multiples selon l’histoire du pays où elle s’exerce. En France, république et démocratie semblent indissociables, puisque l’instauration de cette dernière est liée à la chute de la monarchie. Pourtant, depuis ses lointaines origines, dans l’Athènes antique, l’idéal démocratique n’a cessé de se renouveler et de se réinventer.

La France n’est pas la démocratie la plus ancienne mais la Révolution de 1789 et la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen ont représenté un jalon essentiel dans la définition et l’évolution des régimes démocratiques. Les valeurs affirmées dans cette proclamation constituent toujours aujourd’hui les fondements d’une réflexion sur les modalités d’exercice du pouvoir du peuple. Les débats permanents sur la définition de la liberté et de l’égalité sont les garants de la vitalité démocratique, tant ces principes semblent à la fois inconciliables et indissociables. Une pleine liberté ne peut en effet garantir l’égalité, et la recherche de l’égalité semble devoir contraindre des libertés. La fraternité, ajoutée à la devise nationale en novembre 1848, alimente elle aussi les débats contemporains, autour de la question de l’accueil des populations migrantes.

Ces dernières années, la pandémie et les attaques terroristes qui ont frappé la France ont fait surgir de nouveaux sujets de débats. Comment concilier la recherche d’une sécurité publique et la garantie des libertés individuelles ? Comment concilier État de droit et état d’urgence ? Garantir la démocratie suppose de ne pas éluder ces questions, proposées aujourd’hui au programme de l’enseignement moral et civique en classe terminale, et dont certaines sont particulièrement complexes, comme celle de la nécessaire transformation des sociétés face au réchauffement climatique.

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