LA CONDITION DES FEMMES

“L’agitation des femmes n’a jamais été qu’une action symbolique, elles n’ont gagné que ce que les hommes ont bien voulu leur concéder (…). Elles n’ont pas de passé”.
Ainsi s’exprimait, en 1949, la philosophe Simone de Beauvoir, dans l’introduction de son magistral essai, Le Deuxième sexe, future bible du Mouvement de libération des femmes (MLF) de la décennie 1970. Hors de l’histoire, passives ou entièrement dépendantes du bon vouloir des hommes, telles auraient été les femmes, telles elles demeureraient. Refuser ce postulat et rechercher l’autrefois des femmes, leurs gestes, leurs paroles et leurs actions étaient un pari. Incontestablement, il a été gagné ces cinquante dernières années. Les recherches l’ont prouvé : les femmes ont bel et bien une histoire et il est possible de l’écrire. Et pourtant, ce vaste champ d’études demeure dans l’historiographie, comme dans l’enseignement, un domaine à part, n’allant jamais de soi, peu valorisé dans les programmes et les manuels scolaires, souvent traité dans les marges d’une grande histoire, encore étrangement masculine.

Ce dossier de la Documentation photographique, outre qu’il vient combler un manque dans cette collection, entend fournir des connaissances et des documents à même de remédier à cet état de fait. Il offre aux enseignant·es des outils pour traiter avec leurs élèves les points de divers programmes du collège et du lycée qui font aujourd’hui référence aux femmes. Il les invite également à proposer, sur tout sujet qui concerne la France de la Révolution à nos jours, un récit historique plus mixte. Le titre La Condition des femmes, sur lequel nous reviendrons plus longuement, énonce qu’être femme recouvre des réalités différentes selon les époques. Cette diversité résulte à la fois d’impositions extérieures aux intéressées, et de la façon dont elles les ont reçues, intégrées ou contournées – en les instrumentalisant, voire en les rejetant. Effet d’une prétendue féminité immuable, le déterminisme n’est jamais vraiment parvenu à s’imposer. La domination masculine a dû s’ajuster pour résister aux combats des femmes et les inégalités entre les sexes ont ainsi perduré. Mais l’histoire des femmes, en retrouvant les traces du passé, a démontré que celles-ci ne relevaient pas de la nature, mais du genre qui, hier comme aujourd’hui, irrigue l’histoire, tout simplement.

Cliquez ici pour découvrir notre sommaire.