N° 8149 – Octobre 2022

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HUMAINS ET ANIMAUX 

Les relations que nous entretenons en tant qu’êtres humains avec les autres espèces vivantes sont constitutives de notre propre humanité. Homo sapiens partage ainsi a minima 300 000 ans de coévolution avec des animaux, des plantes, des bactéries, des virus… Ce premier constat en appelle un second : cet ensemble de relations est éminemment variable en fonction des contextes locaux et des groupes sociaux considérés, et relève tour à tour ou simultanément de l’altérité, la familiarité, voire la similarité, l’amour, la prédation, la violence, la consommation, le soin…

Ce que l’on pourrait nommer la question animale a pris un relief tout particulier au jour de la sixième extinction de masse et du réchauffement climatique qui remettent en cause nos façons de consommer, notamment des aliments carnés. De nombreux mouvements militants sont apparus ces dernières décennies qui viennent bousculer, voire subvertir nos habitudes, changer nos regards, opérer une prise de conscience par rapport à des pratiques jugées inadaptées, injustes, voire immorales. Dans le même temps, des pratiques anciennes se réinventent pour mieux résister aux critiques et renouveler un imaginaire de la vie en commun. De nombreuses recherches essayent de rendre compte des manières de percevoir et d’agir des animaux en s’intéressant à ce qui compte pour eux. Mieux connaître les animaux, c’est aussi repousser les frontières de nos propres perceptions et découvrir de nouvelles façons d’être au monde.

Ce dossier reprend cet ensemble de débats, de situations et de configurations bâties entre les humains et les animaux pour présenter un certain panorama des enjeux sociaux contemporains autour de questions telles que la nourriture, la domestication, l’Anthropocène et la recomposition de la place des vivants, mais aussi la souffrance et la mort des animaux, et même la sexualité. Ces questions trouvent parfois des réponses déroutantes, en tout cas différentes d’un contexte à un autre, d’un groupe social à un autre, ce qui stimule bien entendu l’enquête géographique. Ainsi, tout comme la chasse, les abattoirs nous interpellent sur le recours à la violence et le sens qu’on peut lui donner. L’industrie du tourisme et des loisirs a quant à elle largement recours aux mondes animaux pour entretenir ou attirer sa clientèle. Les politiques publiques, voire la législation, se transforment avec ou contre certains animaux. Des groupes sociaux sont invisibilisés ou au contraire légitimés par leur proximité et leurs liens avec des animaux désirés ou indésirables. In fine, la place des animaux dans nos sociétés invite à réfléchir sur notre statut et nos responsabilités d’humains dans le cadre des recompositions qui marquent l’entrée dans l’Anthropocène.

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