N° 8154 – Octobre 2023

11,00

Géohistoire des épidémies

Les épidémies nous accompagnent depuis toujours. Ce simple constat nous est apparu dans toute sa dure réalité à l’occasion de la pandémie de Covid-19 qui vient de s’achever. Alors que nous pensions naïvement nous être émancipés des grandes épidémies, un virus aussi inconnu qu’inattendu nous a prouvé tout le contraire en quelques mois.
Les commentaires, au moment de l’apparition du microbe, insistaient souvent sur l’étonnant paradoxe que représentait une « si petite chose » capable de désorganiser des pays entiers, de frapper les mieux protégés, de faire mourir en masse, sans que l’on ait vraiment le temps de réagir. Mais la question du temps justement est cruciale dans les affaires d’épidémie, et à deux titres : le temps long nous permet de mieux comprendre les logiques qui sont à l’œuvre et permettent donc d’avoir une vision plus complète de ce qui se joue.
Le temps court, quant à lui, revient à une course contre-la-montre pour anticiper et décider au mieux de ce qui doit être fait pour soi et pour les autres. Mais ces temporalités s’entrechoquent : temps du biologiste, temps du politique, temps de l’historien n’avancent pas au même rythme.
Néanmoins, ils sont en nécessaire relation les uns avec les autres et, comme on l’a vu, cela a suscité des débats qui, pour difficiles qu’ils étaient en période de pandémie, étaient aussi salutaires et d’un réel échange d’informations.
Informations parfois impossibles à vérifier, mais aussi informations globalisées, et vision, peut-être pour la première fois, elle aussi globale de la pandémie.
Ce volume propose de retracer à la fois les grands événements pandémiques qui ont frappé les sociétés tout au long de l’histoire, autant que la documentation le permet, mais aussi d’en montrer, comme d’en expliciter, là encore dans la mesure du possible, les logiques et configurations spatiales, d’où le titre de « géohistoire ».
Une épidémie se diffuse, elle a donc un temps et un espace qui lui sont particuliers. Néanmoins, l’aspect quelque peu cyclique, ou à tout le moins récurrent, des épidémies, est patent, tout comme les phases qui les caractérisent.
Ce n’est sans doute pas un hasard si, dans la litanie des saints, on peut réciter « Libère-nous, Seigneur, de la guerre, de la peste et de la famine », trois fléaux déjà présents dans l’Apocalypse.
Si nous comprenons infiniment mieux à présent le fonctionnement de tous les microorganismes capables de déclencher des épidémies, la menace reste invisible et, finalement, son irruption presque inévitable.
Nous restons encore démunis face à de nombreuses maladies qui s’avèrent connues ou inconnues, simplement parce que le vivant se renouvelle en permanence. C’est certainement ce mélange entre le caractère imprévisible du déclenchement des épidémies et le niveau élevé de nos moyens d’action sur beaucoup de pathologies qui perturbe le plus nos représentations.

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